La nuit du 27 au 28 septembre 2015 était la nuit rêvée pour observer une éclipse de Lune en T.A.R.P. Ciel dégagé, température douce, spot d’observation idéal…
En T.A.R.P?
Pour l’occasion, j’ai installé un T.A.R.P. ou Tout Abri Rapide à Planter. Je n’ai pas inventé cette technique (ni cet acronyme) mais je l’ai pratiqué depuis longtemps sans savoir qu’elle existerait un jour. En tant que passionné de chapiteaux, j’aime la toile tendue.
La base du T.A.R.P., pour les puristes comme moi, c’est de la bâche bleue, quelques piquets, bambous ou simples branches, un peu de ficelle, voire lanières de chambre à air, et pour les ancrages: cailloux, petits piquets de bois, sardines… Après, on installe et on tend selon inspiration ou idée pré-établie. On trouve des TARP de qualité “supérieure” dans le commerce et il y a plein de schémas de montage sur Internet.
La nuit de l’éclipse
La soirée commençait avec le lever de la Lune annoncé officiellement à 19h23. Quelques minutes de retard dues aux reliefs et latitudes de la Couronne, mais elle est quand même arrivée, timide et toute modeste dans la dentelle de son fin voile nébuleux. Une modestie qui je pense, voulait en annoncer sur son plus beau numéro qu’elle allait bientôt nous présenter.
C’était l’apéro. Sur un crépuscule bien tassé, nous acheminons quelques affaires au T.A.R.P. puis nous allons nous restaurer dans la maison en attendant que la nuit prépare le fond de scène de notre star du jour.
Le T.A.R.P. est installé face à Cordes, autrement dit plein Sud. Il fait nuit depuis longtemps et nous y voyons de plus en plus clair. En ce début de nuit, la Lune est Sud-Sud-Ouest et elle est haute au dessus de l’horizon. Sa hauteur conjuguée à son périgée font qu’elle nous éclaire à fond ce soir.
Nous avons encore quelques heures à attendre avant le début du phénomène. Nous observons avec jumelles, lunette astronomique, et surtout “Ray Ban”. Impossible de tenir sans lunettes de soleil. La Lune est pleine comme jamais et elle est réellement trop éblouissante quand on la regarde dans les yeux.
Passent quelques cirus qui nous offrent le halo de circonstance.
De même que pour les terriens, la brume se lève sous Cordes.
2h11 passées… Rien… Se serait-on moqué de nous? Nous patientons…
2h31 passées… Rien… Se serait-on moqué de nous? Nous patientons…
2h51 passées… Rien… Se serait-on moqué de nous? Nous patientons…
Sur le coup des 3 heures, ah..! On dirait qu’il y a quelque chose…. Ça y est! Ça commence!
Nous avons ce petit coin sombre qui s’agrandit, lentement, de plus en plus. C’est le début de la phase de pénombre. Mais c’est quand même léger se dit-on. Mais voici qu’on commence à voir un petit grignotage, qui augmente, encore… Nous arrivons dans le cône d’ombre. Le phénomène a commencé doucement, et là, toujours doucement, il nous fait ressentir la force absolue de sa mécanique.
C’est à ce moment que nous nous rendons compte que les étoiles, jusqu’alors occultées par la si bonne “pollution visuelle” de la Pleine Lune, se sont toutes rallumées. La Voie Lactée trace sa route et Orion sort son arc.
Juste avant la totalité, le dernier quartier, tout fin, de plus en plus fin… C’est beau. C’est beau. C’est beau. C’est beau.
Et là, paf! TOTALITÉ.
Nous éprouvons ce qui s’éprouve lors d’une éclipse. Comment dire… De la joie, de la contemplation, du partage.
Je n’ai même pas pris de photo pendant la totalité. Si vous voulez voir de magnifiques photos de l’éclipse, allez plutôt sur nasa.fr ou autre… Pour le coup, je mets une photo de l’éclipse de 2007 vue de la case à Saint Pierre.
(Ce que j’aime surtout lors d’une éclipse de Lune, c’est qu’on peut la voir avec l’illusion qu’elle est une sphère tandis que quand elle est normalement pleine, on voit juste un disque blanc dans le ciel)
Puis en même temps que réapparait un fin croissant lumineux, à l’Est pointe Vénus, elle aussi, éblouissante, bien que toute petite. Nous la visons avec la lunette, et là: premier croissant de Vénus. Oui, Vénus en croissant, comme un croissant de Lune. Superbe dessert pour notre nuit astronomique.
Il y en a parmi nous qui travaillent dans quelques heures et qui nous quittent. Il est environ 5 heures.
En derniers résistants, nous nous calons sur les matelas sous le T.A.R.P. avec un angle de vue optimal sur les fantaisies finissantes de notre satellite, et nous rendons l’antenne quand la nuit termine son programme.