M. Sivodule, l’homme caoutchouc

Aujourd’hui, je veux présenter un artiste des plus singuliers: M. Sivodule.

Notre rencontre remonte à 2007, à la Réunion, c’était au moment de la création du spectacle « Voyageur(s) ». Ludo, de son vrai nom, est arrivé avec des copain bénévoles de St Leu pour donner la main à la préparation de ce spectacle. J’ai souvenir de quelques bonnes suées à ce moment-là. Je me souviens particulièrement d’un jour où nous étions allés chercher dans une décharge des vieux pneus de plus de 2m de diamètre, très sales et qui pesaient des tonnes… Oui, de sacrées suées sous l’écrasant soleil des tropiques.

Quelques temps après, un jour où Ludo était à la case avec des amis, pour rire, il nous a fait voir ses contorsions dans le jardin. J’ai halluciné!
Il pouvait se contorsionner avec une souplesse exceptionnelle dans des positions jamais vues dans le monde du Cirque. Des figures et des mouvements qui n’appartenaient qu’à lui. Et ses épaules, au secours!!!.

Je lui ai dit: « Il faut que tu fasse un numéro au cirque, c’est trop fort ce que tu fais! C’est du jamais vu! »

Il a répété avec la troupe du Cirque LONTAN et il nous a présenté pour la première fois son numéro d’homme caoutchouc dès les premiers spectacles. Et on a tourné sur l’île… Dans les hauts, dans les bas, entre les deux…

Je me souviens particulièrement de l’expression quasi-horrifiée sur le visage des gens du public quand ils le voyaient se contorsionner. Certains même tournaient la tête pour ne pas voir ça.

Il était, au Cirque LONTAN, le prétexte pour aborder la « différence ». M. Loyal le présentait, à la manière des cirques anciens, comme phénomène de foire, un monstre qui n’en n’avait pas l’air car il était « différent », mais ça ne se voyait pas au premier abord. Et M. Loyal de demander au public:
« Et si il n’est pas pareil, a-t-on le droit de dire qu’il est différent? »
Et le public, d’une même voix, criait:
« NON! »

Cette période me laisse de fantastiques souvenirs. Le Cirque LONTAN démarrait comme il pouvait, avec les moyens du bord, c’est à dire pas grand chose. Rock’n roll quoi… Des souvenirs qu’on s’est construits ensemble, avec cette bande d’amis artistes qui partageaient cette aventure, dans des moments plus ou moins drôles, mais toujours puissants.

Avec la distance, ça fait aujourd’hui quelques années que je n’ai pas vu Ludo, ni la plupart des gens de cette belle équipe. Je pense que comme moi, ils n’oublieront jamais Ludo, car aujourd’hui 16 septembre 2015, il est devenu immortel en faisant à Guy Béart l’honneur de partager le Grand Ascenseur pour rejoindre le Paradis des artistes.

Chapeau bas.

Des dizaines de milliers de personnes ont pu un jour voir M. Sivodule, ou Zabadou, ou Ludo… Et même s’ils ne connaissaient pas son vrai nom, je sais qu’ils ne l’oublieront jamais.

Voici une petite galerie de mes souvenirs de Ludo: