Le samedi 21 septembre 2019, je donnais ma première conférence sur le calendrier perpétuel du Libre Ferrat de Cordes sur Ciel.
La conférence était proposée par l’association ‘La Société des Amis du Vieux Cordes« . En introduction, Michel Bonnet a posé le contexte historique des origines et de la mise en service du manuscrit.
Ce type de calendrier est très répandu au Moyen Âge et on peut en observer beaucoup sur le web.
Mais si on le compare à ses contemporains, le calendrier perpétuel du Libre Ferrat présente de nombreuses singularités qu’il est important présenter…
Un manuscrit du XIIIe au XXe siècle
Le Libre Ferrat est un manuscrit qui a été rédigé entre le XIIIe siècle et le XXe siècle. Il livre des informations importantes sur 8 siècles de vie à Cordes sur Ciel. Les dernières écritures datent de 1922 et décrivent en détail les commémorations du 7ème centenaire de la ville.
Le calendrier perpétuel
Le calendrier perpétuel démarre au feuillet N° 22 sur le mois de mars. Il manque malheureusement le premier feuillet qui contient janvier au recto et février au verso.
Ce type de calendrier perpétuel sert à connaître, entre autres, les dates des lunaisons ainsi que les jours qui tombent un dimanche. Avec ces informations, on peut fixer la date de Pâques et toutes les fêtes religieuses qui lui sont rattachées.
Sur la photo en haut de cette page et ci-contre, le Libre Ferrat est ouvert aux mois d’avril à gauche, et mai à droite
En occitan médiéval très pur
On parle l’occitan à cette époque, à Cordes. Et on l’écrit en gothique, écriture qui n’est pas si difficile à décrypter. Il suffira de quelques bases d’étymologie, quelques notions de latin, d’espagnol, d’italien, et d’occitan pardi !
Je remercie au passage la Talvera et mon beau-père, Jean, qui m’ont aidé à comprendre des points importants de la syntaxe occitane.
Indications astronomiques
Le calendrier du Libre Ferrat donne plus d’indications astronomiques que les calendriers similaires de son époque.
De nombreuses informations sont fournies : nombre de jours dans le mois, durée des lunaisons, les dates des Nouvelles Lunes, d’autres informations plus précises sur la Lune, durées du jour et de la nuit, équinoxes & solstices, les saisons, les jours néfastes, les entrées du Soleil dans les signes du zodiaque.
Il ne faut pas oublier qu’on se trouve dans le contexte du calendrier julien.
Indications historiques
On ne connait pas précisément la date de « mise en service » du Libre Ferrat. Le plus ancien règlement consigné est daté de 1273. Il s’agit de la date de mise en application de ce règlement, mais ce n’est pas la date de son inscription dans le livre…
Le calendrier a été écrit en même temps que les premiers chapitres entre la fin du XIIe siècle et le début du XIIIe siècle.
Les Saints au secours des historiens
Les Saints sont des hommes qui ont réellement existé et que l’on veut honorer après leur mort car leur vie fut exemplaire. Il existe plusieurs catégories de Saints : les martyrs, les confesseurs, les apôtres, les papes, les vierges, les locaux…
Les dates des fêtes des Saints dans le calendrier correspondent dans la très grande majorité à la date de leur mort. On appelle natalice ce jour anniversaire car c’est aussi leur « naissance » au Ciel. Ils ne sont inscrits au calendrier qu’après la date de leur canonisation.
Après analyse du sanctoral, on peut donc avoir une idée plus précise de la date à laquelle le calendrier a été rédigé.
En lettres d’or
Saint Yves et Saint Germain ont été rajoutés ultérieurement dans le calendrier en lettres d’or. Cela parait évident car l’écriture, différente, est postérieure.
Pourquoi en lettres d’or ? Je ne sais pas encore… En tout cas, c’est important.
Il faut analyser plus précisément l’écriture pour la dater et rechercher les événements cordais notables qui pourraient justifier l’ajout de ces Saints.
Indications religieuses
On trouve les dates des fêtes religieuses d’aujourd’hui, mais aussi des fêtes religieuses qui n’existent plus car elles ont été supprimées par le Vatican au cours du XXe siècle. Nos aînés se souviennent encore du septuagésime ou des rogations…
Il est intéressant de constater que mille ans après le Concile de Nicée qui a établi la règle universelle du calcul de la date de Pâques, à Cordes, on a une manière alternative de déterminer la date de Pâques. Hérésie..?
Les pages manquantes
Il manque le feuillet N° 21 qui contient les mois de janvier et février. Il manque aussi les feuillets N° 5, N° 6 et N° 11 qui contiennent des extraits d’évangiles.
Le président de la Société des Amis du Vieux Cordes a récemment découvert un élément qui pourrait faire avancer l’enquête sur les pages disparues… À suivre…
La conférence
Pour parcourir le manuscrit, les photos des pages, tableaux astronomiques, illustrations, transcriptions et traductions sont présentés dans 2 diaporamas projetés sur 2 écrans.
En introduction, il est important de tourner rapidement toutes les pages du manuscrit pour percevoir la diversité des écritures au travers des siècles.
Puis, le déroulement de la conférence promène le public au travers des mois en commentant progressivement les nombreuses et diverses informations calendaires.
Les explications touchent l’astronomie, l’astrologie, l’histoire, la théologie, la linguistique, la paléographie, la sociologie…
En conclusion, je démontre que le calendrier est utilisable de nos jours pour connaître les lunaisons à 1 jour près. Il est aujourd’hui très facile à utiliser moyennant une petite conversion car les tables astronomiques sur lesquelles il est basé se sont décalées au cours des siècles.
En guise d’attractions, je m’autorise également à glisser quelques petits « effets » artistiques issus de mon métier de musicien et d’illusionniste…
C’était la « première » de cette conférence. Le succès qu’elle a rencontré m’encourage à poursuivre mes recherches et surtout à proposer cette conférence à tous les publics dans une transversalité ludique des thématiques abordées.
Écouter la présentation de la conférence sur CFM Radio
Pour plus d’informations, vous pouvez me contacter directement sur la page « contact » de ce blog.